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Dom Alexis, le chant des pierres
15 octobre 2014

ENTRETIEN AVEC PHILIPPE VAN LEEUW, CHEF OPÉRATEUR

 

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 _  Philippe, fais-tu un lien entre le tournage de ton film, “ Le jour où Dieu est parti en voyage“ et celui-ci ? (http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=137325.html) 

   Le rapport à la nature est constant pour moi car quand j’étais gamin je traînais constamment dans les bois et quand j’ai écrit mon film sur le Rwanda, “Le jour où Dieu est parti en voyage“, la femme que je suis dans son périple progresse à travers la forêt qui est pour elle à la fois un refuge et une prison.

   Ici c’est le rapport à la nature, à des choses rudimentaires et organiques. J’aime être dans la nature, j’y trouve une vraie tranquillité, je suis quelqu’un d’assez agité, et dans la forêt c’est “ne pas réfléchir“. 

Y a-t-il des contraintes particulières en extérieur ?

   Tourner en extérieur ne présente pas actuellement de contrainte technique. Auparavant oui, il y a cinq ans, en 2008, mon producteur avait tout de suite insisté pour que l’on tourne en numérique plutôt qu’en pellicule et à l’époque j’ai refusé car je ne pensais pas que l’on puisse traduire en numérique cette forêt qui est un véritable personnage, c’est plus qu’un décor, c’est un des éléments essentiels du film et je voulais qu’elle soit magnifiée, belle, riche, avec des nuances et photographiquement ce n’est pas facile et en pellicule on y trouve plus facilement son compte. Maintenant le numérique a fait d’énormes progrès sur les cinq dernières années et on se retrouve enfin avec une sensibilité photographique qui permet d’appréhender ce genre de décor de la même manière qu’on le faisait avec la pellicule, il faut encore se méfier mais c’est relativement abordable.

   En extérieur le moindre bruit mécanique est une perturbation pour le son ce n’est certainement pas très simple pour Yves, alors qu’en ville on intègre la rumeur de la ville.

 

Entre ce que tu avais imaginé à la lecture du scénario et ce qui se passe là, y a-t-il cohérence ?

   Le scénario était très écrit et très littéraire et j’avais énormément de mal à situer les choses malgré le fait qu’on ait été ensemble faire un premier repérage dans une autre abbaye, qui était une bonne piste, on pensait alors filmer les pierres. Ici à Boquen, François a décidé de se passer de la pierre et de filmer dans la nature et le fait que l’on soit sur le lieu même ça connote tout ce que l’on fait et en particulier pour les acteurs il y a une sorte de résonance qui se fait par rapport aux lieux.

 

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Sur l’imagerie, ce n’est que très récemment, lorsque nous sommes venus ici en repérage et que François m’a montré des images d’un film de Straub et Huillet que j’ai vraiment compris ce qu’il voulait, ce qu’il cherchait et ça m’a soulagé car je ne savais pas trop ce que l’on attendait de moi et quelle genre de propositions je pourrais faire. Et là j’ai vraiment trouvé un ressort super, qui marche vraiment, je suis très content, je suis ravi de cette trouvaille. À partir du principe donné, je me sens très libre et je fais des propositions qui en général sont appréciées et finalement je m’y retrouve.

   J’avais peur d’être en porte-à-faux par rapport à la mise en scène car je n’avais pas de repères francs quant au type de visuel sur lequel on allait travailler et à partir du moment où j’ai ce type de visuel je peux vraiment l’articuler et être le technicien, je suis à ma place.

 

_  Comment cela ce serait-il passé s’il avait plu ?

   S’il avait plu, cela aurait été désagréable pour diverses raisons, bien qu’à l’image la pluie ne soit pas vilaine, elle est un vrai problème pour le son. Et puis il y a la boue, c’est usant, ça fatigue, moralement aussi et pourtant, ça aurait pu être dans le film, dans la difficulté.

 

Tu travailles en général avec des assistants ?

   En général, j’ai une équipe de 6 à 8 personnes, ici je suis tout seul avec Marine qui, bien que sans formation à l’image est tout de suite dans le ton,  n’a pas de prétention, elle accepte tout et le fait très bien.

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   J’ai commencé comme électro avant de passer à l’image et en général, sur un tournage conventionnel, quand j’ai une équipe complète je me fais taper sur les doigts par mes électro parce que j’ai envie de toucher.

   Ici, il y a une vraie camaraderie, on est dans un confort par rapport au temps, au lieu, il n’y a pas de contingences imposées.

   Il est rare de faire un long métrage en quinze jours sur lequel on a du temps pour réfléchir, hésiter, pour reprendre des scènes que l’on n’a pas vraiment appréciées, aimées.

Parfois je me dis que certains plans sont un peu trop jolis, trop coquets mais dans l’ensemble ça fonctionne.

 

_ Quel est ton ressenti par rapport à l'histoire de Boquen ?

   Ce qui me fascine le plus c’est l’accomplissement de ces moines qui partent d’une véritable ruine que je vois maintenant complètement reconstruite et grandiose et en même temps, ces hommes n’étaient pas que des marginaux en rupture avec la société de leur temps, c’était des gens qui agissaient suivant une règle, des préceptes et toutes ces conditions de vie véritablement adverses faisaient partie de ce qu’ils étaient prêts à accepter par avance. Cela fonctionne dans le registre de la pensée et de leur foi et c’est impressionnant d’être face à des gens qui ont accompli quelque chose d’immense non seulement en acceptant leur condition mais en ayant conscience que ces conditions étaient fonction de leur réflexion, de leur devenir, de leur aspiration profonde, tout cela est très étrange.

   Celui qui arrivait là sans savoir ce qui l’attendait était perdu et ne pouvait l’accepter, c’était vraiment dur, il fallait avoir une vraie force soutenue par la pensée, comme le dit Bernard Besret qui avait été bouleversé et que qui avait su tout de suite que c’était là qu’il voulait être, c’est très impressionnant.

 

_ Y a-t-il un ou des personnages qui te touchent plus particulièrement ?

   J’aime bien Bernard Besret que je trouve ambigu, brillant, incarné par Laurent et il y a quelque chose qui se confond. J’ai commencé à mettre des adjectifs sur certains et Michel, qui joue le rôle du Père François par exemple, est statufié, il est dans sa niche perpétuelle, c’est une sorte d’ancrage.

   Le casting est vraiment redoutable, chacun tient sa place, c’est très juste, ça fonctionne bien, on les reconnaît. C’est l’essentiel d’un film et c’est réussi. Le texte est superbement bien écrit, tout ce qu’ils disent est très éloquent, beau, plein d’images, le rythme est intéressant.

 

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 _ En conclusion…

  Je suis touché par la persévérance de François et Bruno qui n’ont pas lâché le morceau et qui n’ont pas toujours été aidés. Je suis ravi d’être là et de pouvoir les aider par amitié. J’étais un peu partagé au départ sur la valeur de mon engagement, mais depuis que nous sommes là je suis absolument ravi et c’est une très bonne chose que ce film existe.

 

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Dom Alexis, le chant des pierres
  • Sept témoins racontent le Père Alexis, arrivé en 1936 à l'abbaye de Boquen pour reconstruire le monastère et y fonder une communauté aux règles de vie quasi moyenâgeuses. Regards sur le tournage du film réalisé par François Gorin et Bruno Vienne.
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