PROPOS RECUEILLIS AUPRÈS DE MICHEL SCHEPERS ALIAS PÈRE FRANÇOIS

Tournage du film “ Le Chant des Pierres“ réalisé à l’abbaye de Boquen en Bretagne.

À la demande de François Gorin co-réalisateur, avec son cousin Bruno Vienne, du film “Le Chant des Pierres », j’ai participé au tournage en tant qu’acteur (non-professionnel).

Ce film entend retracer l’aventure spirituelle du moine trappiste Dom Alexis Presse, restaurateur de l’ancienne abbaye cistercienne de Boquen ( département des Côtes du Nord) de 1936 à 1965.

Cette abbaye, comme tant d’autres en France, était tombée en ruines à la suite de la Révolution de 1789-99.

Cette expérience a été pour moi fort intéressante, à un double titre : en tant que professeur d’Histoire-Géographie, et en tant que chrétien, je m’intéresse beaucoup à l’histoire de l’Église ; d’où mon intérêt pour le personnage et l’œuvre de Dom Alexis.

J’ai joué le rôle du Père François Lancelot, un des premiers moines du Père Alexis, qui l’a rejoint à Boquen dès 1936. Comme d’autres moines ou anciens moines qui ont participé à la renaissance de Boquen, il a été interviewé, il y a quelques années, par François et Bruno. Le texte qui est devenu le mien a été rédigé à partir de cette interview. François Lancelot aujourd’hui nonagénaire, fait désormais partie de la communauté religieuse du Mont Saint Michel.

J’avais au départ une légère appréhension, au vu de la longueur du texte qu’il me faudrait mémoriser (mises bout à bout, mes interventions représentent au moins quatre pages…)

À 58 ans, arriverais-je à apprendre et à maîtriser correctement un texte aussi long ? Mais cette appréhension faisait aussi partie de mes motivations. Tout comme les muscles, la mémoire a tendance à s’atrophier si elle n’est pas sollicitée. En définitive, je n’ai pas rencontré de grandes difficultés.

Le fait d’être revenu au texte à plusieurs reprises (le projet a été lancé par François et Bruno en 2009…) m’a permis de m’en imprégner. Ce qui a aussi contribué à cette imprégnation, c’est la cohérence du scénario. Il retrace l’historique de la refondation de Boquen, et cet historique déroule une logique interne qui m’a beaucoup aidé dans mes efforts de mémorisation.

Cette quinzaine de jours de tournage a été pour moi une expérience artistique, culturelle, mais aussi spirituelle. La communauté religieuse fondée par Dom Alexis a disparu, lui-même et beaucoup de ses anciens moines ont quitté ce monde, mais l’abbaye de Boquen est demeurée un lieu d’Église, de prière, aujourd’hui animé par la communauté charismatique du Chemin Neuf. J’ai apprécié le fait de pouvoir prier en ces lieux où Dom Alexis et ses moines (et notamment François Lancelot…) avaient prié.

Mais ce tournage n’a pas seulement été pour moi une expérience culturelle et spirituelle ; il a aussi représenté une petite aventure humaine très positive. Acteurs, réalisateurs et producteurs, techniciens, cuisinières, tous ont constitué une équipe chaleureuse et fraternelle, et les moments que nous avons vécus ensemble, sur les traces du Père Alexis et de ses moines, resteront je pense pour chacun de nous de précieux souvenirs…